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ÉLECTRICITÉ STATIQUE

Source image: générée via canva

Au détour d’une conversation banale, il nous est venu à l’esprit d’écrire cet article. En nous basant sur nos expériences, nous sommes arrivées à la conclusion que nous vivons dans un monde où l’apparence a une certaine importance pour être acceptées en tant que femmes. Nous subissons une pression sociale particulière !

La société nous indique que pour être validées, nous devons convenir à certaines caractéristiques physiques, le but étant d’être belles et désirables. À travers les publicités que l’on voit à longueur de journée à la télé, dans les magazines etc., le monde nous incite à modifier notre aspect physique. On trouve une panoplie de produits pour retarder l’apparition des rides, combattre la cellulite ou encore des régimes pour nous inciter à perdre ou à gagner facilement du poids. En somme, un ensemble de règles non écrites destinées à nous aider à se conformer aux standards de beauté actuels. Au vu de tout cela, il est très difficile d’aimer son corps comme papa et maman nous ont fait.


Parmi les particularités qu’on peut trouver sur notre corps, on distingue les vergetures. Selon les femmes, on peut en trouver au niveau des fesses, du ventre, des mollets et d’autres endroits plus ou moins visibles. Ces petits traits sont souvent considérés comme des imperfections esthétiques. De ce fait, les vergetures n’échappent pas à la règle et plusieurs solutions miracle sont vendues pour s’en débarrasser.

La première fois que nous avons remarqué nos vergetures, elles ne nous ont posé aucun problème:

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu des vergetures parce que mon corps aimait jouer au yoyo. Pendant l’année scolaire, j’étais souvent fine à cause du stress des cours et pendant les vacances je grossissais énormément. Ce qui faisait que j’avais des vergetures au niveau des fesses, des cuisses et des bras.  Pour moi, c’était normal ! Jenny

J’ai découvert pour la première fois ce qu’était une vergeture au collège. C’était après le cours d’éducation physique et sportive (EPS) pendant qu’on se changeait pour retourner en salle, les filles et moi. Mes amies me parlaient des marques particulières sur leur corps, elles ressemblaient à des routes sinueuses qui s’étalaient le long de leur peau caramel. Je trouvais qu’il y avait une certaine poésie dans ces raies Exaucée

Pour nous, les vergetures étaient tout ce qu’il y avait de plus naturel. C’est le regard de la société, les commentaires et moqueries des autres qui nous ont fait prendre conscience que ces petits traits pourraient être un problème.

Ma curiosité de jeune fille m’a poussée à questionner mes aînées sur ces marques. Le portrait qu’elles m’en dressaient était horrible. Ces femmes que je prenais comme modèles les surnommaient les ravins de Ngamakosso. Elles affirmaient qu’en  grandissant, si je prenais du poids les vergetures allaient prendre possession de mon corps dans son entièreté et pire encore si j’osais me dépigmenter la peau. Elles terminaient par  « Yebaka ke soki okomi mokolo eko passola et eko koma saleté* ». Ce point précis a marqué le début de la détestation des vergetures sur mon corps. Mes sœurs venaient juste de me créer un complexe Exaucée

Il y a quelques années, ma coloc en me voyant en sous-vêtement me dit: mince tu as beaucoup de vergetures! Moi aussi j’en ai mais vu que je suis claire de peau ça se voit pas trop. Toi, t’es foncée et on voit bien les traces, ça fait tâche. Moi qui avais toujours trouvé ça normal, commençais à me demander si c’était “sale” vu sa réactionJenny

 Voilà les sacro-saint diktats de la société ! Ils décident de la mode du moment et nous imposent ce qui devrait ou pas nous plaire sur notre corps. Voilà donc que pour nous, avoir des vergetures devenait un problème, une honte, une caractéristique physique à cacher. On essayait de les dissimuler en évitant de porter des mini shorts ou des t-shirts sans manches.

J’ai décidé de les cacher. Les sorties à la plage ou à  la piscine étaient inenvisageables, mieux je portais un short à la place d’un maillot. Mon corps, je l’aimais, mais ces cicatrices gâchaient la perfection qu’il représentait avant à mes yeuxExaucée.

Heureusement que tout le monde ne les voit pas comme une imperfection mais plutôt comme une œuvre d’art. Ces belles personnes nous ont aidé à magnifier ce que nous considérions comme un défaut et à accepter notre corps.

L’événement qui a tout changé dans ma vie fut le jour où je devais aller à la piscine en compagnie de mon amie et je ne voulais pas mettre de maillot. Ne comprenant pas les raisons de mon refus, elle m’a poussée à me confier sur ce qui me dérangeait vraiment. Après que je lui ai avoué mon problème, elle m’a dit « Je les ai toujours vues, j’ai toujours su qu’ils étaient présents et j’ai toujours trouvé que c’était ce qu’il y avait de plus beau en toi. Ces vergetures me font penser à de l’électricité, et sache que je suis fière d’être l’amie d’une bombe qui a de l’électricité statique dans les fesses ». Ces mots ont été  le déclic dont j’avais besoin pour apprendre à aimer mon corps entièrement et sans compromis Exaucée.

Wahou ! Il y a de quoi booster l’estime de la personne en face de soi. Notre entourage peut parfois jouer un rôle déterminant dans l’acceptation de notre corps :

Quand j’ai eu mon premier copain et qu’il n’a pas sourcillé en voyant mes vergetures, j’ai recommencé à trouver cela normal. Je me suis dit que c’est ma coloc qui avait des problèmes avec les siennes et avait besoin de se dire que les miennes étaient « pires » parce que je suis plus foncée. J’aime mes vergetures, elles font partie intégrante de mon corps.” Jenny

Bien dit ! Le corps idéal n’existe pas. Nous devons apprendre à aimer celui que nous avons et le valoriser. Aujourd’hui, le mot vergeture a disparu de notre vocabulaire, il a été remplacé par électricité statique. Nous avons pris le temps de les aimer car toutes ces lignes entremêlées les unes aux autres témoignent de la complexité des personnes que nous sommes mais aussi de notre parfaite imperfection.

Exaucée et Jenny.

 *Yebaka ke soki okomi mokolo eko passola et eko koma saleté: sache qu’en vieillissant, ça s’ouvrira et ça sera sale

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